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En Corse, l’épidémie de FCO met en lumière des problèmes structurels

En Corse, au moins 1000 ovins sont morts de la FCO 8 au cours du mois de juillet.

Entre les offensives de la fièvre catarrhale ovine et la sécheresse, la filière ovine en Corse est fortement bousculée. Une situation qui inquiète le président de la chambre d’agriculture de Haute-Corse, à court et à long terme.

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« C’est une situation inédite. » Certes, l’épidémie de FCO 8 qui touche actuellement la Corse n’est pas la première, mais pour Joseph Colombani, président de la chambre d’agriculture de Haute-Corse, la vague actuelle est particulièrement inquiétante. Pendant le seul mois de juillet, 1 000 ovins morts ont été recensés, sur les quelque 100 000 (recensement 2022) présents sur l'île, un chiffre que la chambre d’agriculture de la région estime au-dessous de la réalité.

Même en montagne

« Tous les troupeaux sont touchés, et, pour la première fois, même ceux qui se trouvent en montagne, quand l’épidémie se cantonnait aux zones de plaine les années précédentes, explique Joseph Colombani. En outre, même si les éleveurs vaccinent désormais massivement, il y a quand même de la mortalité, surtout chez ceux qui ont vacciné à la fin de l’année 2023. »

Joseph Colombani en est convaincu, « cette épidémie de FCO est en lien direct avec la sécheresse qui a sévi en Haute-Corse entre septembre 2023 et mars 2024 ». De fait, la préfecture du département a réuni un comité sécheresse le 31 mai dernier et a constaté un « déficit hydrologique et une sécheresse agricole exceptionnels, d’une durée de retour supérieure à 25 ans ».

Tout le département n’est certes pas concerné par cette situation. « Le cap Corse et la plaine orientale connaissent un déficit de précipitations de l’ordre de 60 % de septembre 2023 à mai 2024, précise le communiqué de la préfecture, alors que la Balagne est dans un standard annuel normal et que le centre Corse présente des valeurs supérieures à la normale. » Il ajoute qu’« il s’agit de valeurs records pour la plaine orientale, de valeurs inédites depuis 1989 dans le Cap Corse et la région bastiaise ».

« Le conjoncturel masque le structurel »

Pour Joseph Colombani, « cette situation globale – sécheresse et épidémie de FCO – est un effet du dérèglement climatique ». Devant cette situation inédite, il s’inquiète non seulement pour les élevages à court terme mais aussi, à plus long terme, pour la filière. « On en est aussi à sauver le berger, exprime-t-il, car le conjoncturel masque le structurel. »

Pour lui, les causes s’empilent pour ébranler la filière ovine corse. À la FCO s’ajoute le fait que la sécheresse n’a pas été reconnue comme calamité agricole, malgré son impact sur la production fourragère. Mais en matière de structurel, il y a aussi l’absence d’abattoir dédié aux petits ruminants. « Les éleveurs sont obligés de vendre leurs animaux en Sardaigne, au prix de 2,30 € le kilo, avance-t-il. Et l’insularité entraîne, quant à elle, une hausse des coûts de production. En l’absence d’atelier de fabrication, les aliments concentrés viennent donc inévitablement du continent, par exemple. »

« Nous ferons les comptes en septembre – octobre, conclut Joseph Colombani. Je crains déjà les arrêts d’activité car nous sommes sur la corde raide. Mais je ne veux pas baisser pas les bras ».

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